Parking Lidl : une dépense qui pouvait attendre ?

Le nouveau parking de Lidl est opérationnel depuis peu. Nous nous sommes évidemment intéressés à ce projet. Pour deux raisons : en premier lieu, parce que la majorité municipale l’avait présenté comme une priorité dans les investissements de la commune et, en second lieu, parce qu’il a, en effet, été réalisé avec les deniers de la commune (votre argent !), pas avec ceux de l’enseigne de grande distribution. Du jamais vu ! Quelques éléments d’analyse permettront d’y voir plus clair…

Une dépense qui se fait dans la discrétion !

La dépense est effectivement très importante. Elle dépasse le demi-million d’euros !

Pourtant, c’est en seulement trois lignes qu’elle avait été présentée, voici exactement deux ans, en janvier 2021, dans le cadre du rapport d’orientation budgétaire. Un mois plus tard, elle était également évoquée dans le numéro de mars 2021 de Rencontre, à la page 14. A l’époque, la somme prévue était de 400 000 euros.

Aucune information sur le coût des travaux n’est donnée dans Rencontre d’avril 2021 à décembre 2022, pas sur les pages dédiées au budget et dans les habituelles « pages travaux » !

Rencontre n°228, « Travaux, on fait le point », p.9 :
un exemple de dépenses précisées dans cette rubrique

Ce n’est pas ce à quoi notre magazine municipal nous a pourtant habitués. Chaque mois, Rencontre communique sur la moindre dépense faite pour la réalisation des travaux de voirie, d’aménagement, d’entretien, d’investissement. Les sommes engagées ne dépassent pas certaines fois 5 000 euros. Il a fallu attendre le Rencontre de janvier 2023 pour avoir à la page 10 la somme de 500 000 euros par l’entreprise Eurovia.

Dans la réalité le budget de ce chantier est passé de 400 000 à 515 000 euros (+ 29%). Une augmentation du coût initial qui interroge et qui est au-delà des 15 % liés à l’inflation et aux prix des matériaux.

Rencontre n° 224, Janvier 2022, p.14 :
rien n’est noté sur les travaux à réaliser
sur ce parking

La question, logique et légitime, qui se pose est la suivante : pourquoi la commune communique-t-elle si peu au sujet de cette dépense publique ? Serait-ce parce qu’elle est difficilement justifiable ?

Une dépense difficile à justifier

La majorité municipale légitimise officiellement les travaux du parking Lidl par :

  • La nécessité de rendre perméables les zones de stationnement afin de combattre les îlots de chaleur et lutter contre le réchauffement climatique ;
  • L’état de délabrement dans lequel était ce parking qui aurait nécessité une refonte complète ;
  • La nécessité de remplacer les arbres dont l’état aurait paru inquiétant.
Une belle image sur le site de la commune
qui donne la part belle à la végétalisation.
Au final, 146 places de stationnement contre 129 auparavant !

Mais est-ce bien vrai tout cela ? Nous pouvons répondre que :

  • Il est effectivement nécessaire de réaliser des places de stationnement perméables lorsque l’occasion est donnée de le faire, par exemple à l’occasion de travaux devenus urgents, comme l’étaient ceux du parking du centre commercial de l’Abreuvoir ;
  • Dans le cas précis du parking Lidl, il n’y avait aucune urgence à dépenser de l’argent qui pouvait être très utile ailleurs et à refaire les enrobés. De plus, le bilan carbone consécutif aux travaux de réfection allait obérer de façon très importante le gain « écologique » supposé par la majorité communale ;
  • Si certains arbres du parking Lidl se trouvaient dans un état phytosanitaire inquiétant, la plupart ne constituaient aucune mise en danger des usagers du parking. Finalement, il était possible de remplacer les arbres défaillants et de conserver ceux qui étaient encore suffisamment sains et vigoureux.

Il est également utile d’élargir l’analyse en se posant quelques questions :

  • Comment justifier que le parking du centre nautique, voisin et de même type que celui du centre Pablo Picasso, n’a pas bénéficié lors de la création du dit centre, de travaux similaires afin de le rendre perméable ?
  • Combien de places de stationnement et de parkings candidates à de telles transformations notre commune compte-t-elle ? Et où les cas urgents se situent-ils ?
  • Pourquoi si peu de places de stationnement publiques sont-elles aujourd’hui perméables dans notre commune ?

Si l’état de l’ancien parking Pablo Picasso n’était pas alarmant alors la justification d’une si importante dépense est à chercher ailleurs.

Qui bénéficie de cette importante dépense ?

L’état de déprise du centre Pablo Picasso a fait l’objet d’un précédent article. Les travaux à réaliser pour remodeler ce centre s’avéraient nécessaires. Or le parking qui est aussi celui de la Coupole est propriété de la commune.

Ce qui interroge, c’est l’accord probable qui a été passé avec l’enseigne Lidl pour la refonte du parking. En effet, il semble bien que cette refonte bénéficiera en premier lieu à cette enseigne. Et ce qui nous parait surprenant et inconcevable, c’est que le cahier des charges du nouveau parking correspond, curieusement, à… celui des parkings de nouvelle génération de ce discounter.

L’enseigne a multiplié les créations de magasins dans la région selon un type d’architecture normée aussi bien pour le magasin que pour les parkings dont elle est, habituellement, aussi propriétaire. Tous les magasins de nouvelles générations présentent les mêmes caractéristiques. C’est le cas à Boussy-Saint-Antoine, à Santeny…La volonté de l’enseigne est de créer une architecture paysagère au modèle unique et de donner une impression d’éco-responsabilité. Une forme bien utilisée, par les enseignes commerciales et par les grands groupes, de greenwashing.

Lidl de Boussy-Saint-Antoine : vue des parkings

La commune s’est donc conformée aux plans soumis par l’enseigne Lidl et a payé fort cher les exigences de ce groupe. Qui a eu la maîtrise de ce chantier ? Qui a payé l’emplacement pour les caddies ? La commune va-t-elle percevoir un loyer pour cet emplacement ? Autant de questions qui restent sans réponse ! Pour le moment, nous n’avons pas vu de décision municipale concernant un loyer de ce type à payer par Lidl.

Beaucoup de questions se posent pour un projet coûteux, non-urgent et dont tout laisse penser que nous n’en avons pas eu la véritable maîtrise. Et tout cela alors que nous avons du mal à investir dans une maison de santé, dans des aires de jeux décentes, dans des travaux d’isolation thermique… Nous avons de tels besoins d’investir dans les équipements publics, au service de toute la population, que cela paraît un peu fou. Qu’on réalise que la réhabilitation du centre de loisirs Le Chêne, que la commune cherche à vendre à des investisseurs privés sous le prétexte qu’il n’est plus adapté aux activités de nos enfants, aurait coûté seulement 400 000 euros, moins cher que le parking Lidl ! Une fois de plus et à l’euro près, nous n’avons pas les mêmes priorités ni les mêmes urgences à traiter !

Des parkings identiques à Combs et à Boussy…

Enfin, et pour clore ce chapitre provisoirement, si le parking est opérationnel, le chantier du magasin, lui, n’est pas achevé. Les ouvriers sont invisibles. Le chantier est à l’arrêt ! Le groupe Lidl semble être en proie à des difficultés financières et sujet à une modification de sa stratégie d’implantation commerciale. Le gel des ouvertures de nouveaux magasins en Europe a été décidé en novembre. Dans le cas de celui de Combs-la-Ville, de sérieux différents sont apparus entre le propriétaire du centre, l’artisan-boulanger et l’enseigne Lidl. Ennuis financiers de la maison-mère, relations tendues entre les partenaires…la réouverture du nouveau Lidl pourrait se faire attendre…