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BOXY contre Commerces Combs-la-Villais

La majorité municipale en veut-elle au petit commerce ? On peut se le demander. Après avoir favorisé l’installation d’enseignes de la grande distribution en périphérie de la commune (Zac de l’Ormeau et ZAC de l’Ecopole), dont la chaine de boulangerie Ange dans l’Ecopole, la majorité vient d’autoriser l’installation d’une supérette automatisée sur l’espace public, en plus. Quelques informations utiles pour se faire une opinion…

Une entaille dans le futur PLU et son PADD !!

Quelle n’a pas été notre surprise de découvrir, le 29 juin dernier une décision du maire et de sa majorité favorables à l’implantation d’une « Boxy-supérette connectée » sur le parking de la gare. À la lecture de cette décision, nous sommes restés coi ! Nous n’en avions jamais entendu parler auparavant, ni lors des conseils municipaux, ni dans le conseil de quartier Est. Une fois n’est pas coutume, pourriez-vous penser ?

Une décision prise sans explication alors que quelques semaines plus tard, le 14 septembre, le maire dévoilait le PADD (Projet d’aménagement et de développement durables) qui ne semble pas aller dans le sens de ce type d’implantation. Comme en 2010, Le PADD se veut être garant de la sauvegarde et du développement des petits commerces de la commune. En effet, le PADD, voté en septembre dernier, souhaite équilibrer et diversifier l’offre commerciale à l’échelle de la ville (PADD, p.15) et précise :

  • « Tirer parti des linéaires et polarités commerciales existantes pour en garantir la pérennité et conforter le rôle des polarités à l’échelle des quartiers » ;
  • « Renforcer les polarités commerciales et créer une complémentarité et des connexions entre elles » ;
  • « Encourager la présence du commerce de proximité ».
Boxy installée à l’entrée de la gare de Combs,
La plantation d’un arbre n’aurait-il pas été plus utile ?

Un catalogue de bonnes intentions difficilement compréhensibles « qui ne mangent pas de pain ».

Or, les questions qui se posent à une commune qui cherche à développer l’offre commerciale via une supérette automatisée sont les suivantes :

  • Cette installation répond-elle à un besoin ?
  • La mise en place de ce type de Boxy est-elle complémentaire des commerces existants à proximité de la gare et encourage-t-elle la présence du commerce de proximité de ce quartier ?
  • Ce type de commerce est-il adapté à une commune de 23 000 habitants qui cherche à revitaliser son commerce de proximité ?
  • Qu’apporte ce type de commerce en terme d’emploi ?

Une réponse inadaptée à la revitalisation des commerces de la ville

Ce type de distributeur « géant » peut effectivement rendre service à des travailleurs qui rentrent très tard le soir et qui sont à la recherche de pain ou de produits de base. Mais est-ce une raison suffisante pour en installer une ?

Rencontre, N° 231, octobre 2022, P. 9

Pour légitimer cette installation, le premier argument donné dans le Rencontre du mois de septembre est que cela ne coûte rien à la ville. En fait, cela rapportera même quelques sous puisque cette installation a été réalisée dans le domaine public en lieu et place d’une zone enherbée.

Décision N°2022/175-C

Le second argument avancé par la municipalité est que cette offre est complémentaire de l’offre existante. Certes, aucun de nos commerces n’est ouvert la nuit. Mais ce commerce, sans employés et connecté, est AUSSI ouvert le jour alors que les autres commerces le sont dans le quartier le long des rues de Quincy et de la République : boulangeries, supermarché Carrefour Market, etc. Cette concurrence qui ne peut qu’inquiéter nos commerçants qui sont déjà peu nombreux et fortement concurrencés par les enseignes installées en périphérie !

Réalisé dans un container,
ce type de supérette est installé
et mis en service en un temps record.

À une époque où le lien social est distendu, ce type de commerce « sans âme » loet sans contact humain, n’apporte pas d’emploi à la commune et ne renforce ni le commerce de proximité, ni la polarité commerciale d’un quartier.

SMS reçu par de nombreux
Combs-la-Villais sur
leur smartphone

Avec une certaine forme d’agressivité commerciale, la réception d’un tel message a pu en surprendre plus d’un. Il s’agit bien d’une concurrence relativement féroce, de jour comme de nuit, faites aux autres commerces plus traditionnels de notre commune.

Un concept pour les campagnes sans commerce !!

Cette installation est contestable puisque ce concept a été dévoyé de son objectif initial. La start-up ….a conçu ce type de boutique connectée pour répondre aux besoins vitaux des villages qui ont perdu leurs petits commerces de proximités. En effet, dans une localité rurale, la fermeture de l’épicerie ou de la boulangerie laisse sans solution des quantités de personnes qui ne peuvent plus se déplacer. Et en tout premier lieu les personnes âgées. Donc pourquoi pas ? Cela semble, à-priori et dans ce cas précis, une idée louable. Mais est-ce-le cas chez nous ? La commune de Combs a-t-elle été désertée à ce point par les commerces traditionnels ?

Son objectif : ramener une forme de commerce de proximité dans les zones désertées par les commerces traditionnels, grâce à ses magasins faciles à déplacer, fabriqués à moindre coût, et qui fonctionnent sans employés de caisse (…) Ce format peu esthétique a le mérite de permettre à la jeune pousse de s’installer facilement et rapidement dans des zones pauvres en commerces, son cœur de cible. « Nous voulons recréer un usage de proximité pour toute une partie de la population qui en est dépourvue« , explique à La Tribune David Gabai, un des deux cofondateurs de Boxy.

François Manens, La Tribune, 29 Avril 2022

Très vite l’appétit de développement de cette société a été exponentiel. En mai dernier, les communes franciliennes accueillant l’installation du concept dépassaient la trentaine. Une d’entre elles est Varennes-Jarcy, commune manifestement en manque de commerces. L’objectif recherché par « Boxy » est d’atteindre 60 installations à la fin de l’année 2022 en France.

A Varennes-jarcy :
une Boxy moins basique avec un habillage bois,
une exigence du maire de cette commune !

Notre majorité est donc novatrice, une fois de plus, pour accueillir des entreprises robotisées (Chronopost, mais c’est heureusement du passé !) ou automatisées. Un choix qui n’est ni utile, ni judicieux pour sauvegarder emplois et petits commerces de centre-ville dans une commune de 23 000 habitants. La prochaine fois que notre maire vous parlera « défense de l’emploi », vous saurez quoi lui répondre !

A l’intérieur près de 250 produits :
Sodas, gâteaux, bonbons… et même
des boissons énergisantes qui, comme
tout le monde le sait, sont des produits de base !

Inesthétique, ce type de commerce viendra grossir la masse de commerces déjà ouverts sur Combs qui favorisent la « malbouffe » et la chute inexorable des commerces survivants. Pourvu que cela cesse et qu’enfin, une vraie revitalisation soit menée, comme cela a été le cas en quelques années à Brunoy et dans plusieurs communes voisines…

L’Abreuvoir : Danger de disparition ?

Il y a quelques semaines, le supermarché G20 a définitivement fermé ses portes. Une faillite de plus qui pose la question de la pérennité du centre commercial de l’Abreuvoir. Et les éléments d’analyse dont nous disposons sont inquiétants !

Une succession d’enseignes

Le développement spécifique de notre commune (1970/1990), dans le cadre de la ville nouvelle de Sénart, s’est réalisé autour de 5 petits pôles commerciaux, cœurs de village d’une ville polycentrique. L’un d’eux est le pôle commercial de l’Abreuvoir. Or depuis quelques années, ce modèle de développement polycentrique a été mis à mal.

Localisation du centre commercial de l’Abreuvoir

En effet, qui se souvient encore de la vitalité du supermarché de ce petit pôle commercial lorsque l’enseigne était Ecomarché ? Une époque où il y avait foule le week-end. Mais, la zone d’activités des Ormeaux connaissant le développement qu’on lui connaît, les propriétaires de l’Ecomarché ont préféré partir, conscients qu’il était encore temps d’éviter la catastrophe.

La marque a alors laissé la place à une autre enseigne après plusieurs mois de travaux et d’absence : celle de Franprix positionnée sur des gammes de produits plus onéreux. Mais, entretemps, la clientèle avait migré. Le supermarché a bien entamé une tentative de reconversion vers des produits plus « low cost » de la marque Leader Price. Mais le résultat a été un effondrement progressif de la clientèle, des rayons de plus en plus vides et, au final, une faillite des gérants.

Dernier supermarché en date :
Enseigne G 20

L’ultime tentative a donc été celle d’un repreneur très volontaire qui a tout essayé pour regagner une clientèle qui avait migré. Mais rien n’y a fait. Il avait pourtant multiplié les tentatives pour élargir ses activités : point relais, livraisons à domicile, ouverture 7 jours /7, amplitude horaire considérable. Mais avec un loyer très élevé, sans aide et soutien, le nombre de client s’est avéré une fois de plus insuffisant et les impayés de loyers se cumulant ont fini par mener le magasin à la faillite.

Avis d’expulsion placardé sur le magasin

Le point final a eu lieu le 17 mars : expulsion sous le contrôle d’un huissier accompagné d’une quinzaine de policiers.

Pourquoi un tel désastre ?

Pour notre commune et en particulier pour le centre commercial de l’Abreuvoir, les raisons sont claires :

  • La réinstallation et l’agrandissement de l’Intermarché dans la zone d’activités périphérique de l’Ormeau qui, en concomitance, a fait décroitre l’activité du supermarché de l’Abreuvoir ;
  • Le développement d’enseignes nouvelles en périphérie comme celle de Grand Frais ;
  • Le manque d’investissement des 5 propriétaires de ce centre commercial dont l’état de vétusté extérieur est visible. La dégradation lente et catastrophique du parking de l’Abreuvoir a été particulièrement défavorable pendant des années ;
  • La surface commerciale du supermarché trop importante, au vu de la baisse d’activités (surface au sol presque doublée à l’étage) qui entraîne des charges trop élevées par rapport au chiffre d’affaires et que confirme un audit de la Chambre de Commerce et de l’Industrie ;
Parking de l'Abreuvoir
Parking de l’Abreuvoir avant les travaux de janvier 2022

Ainsi, la réponse est simple. Ce désastre résulte d’une politique voulue et soutenue par le maire, d’un développement périphérique au dépens des cœurs de village. Et cela continue avec le développement de l’Ecopôle !!!

Intermarché avant sa relocalisation
et son agrandissement

Il aura fallu des années pour que le parking soit enfin réhabilité aux normes environnementales en vigueur. Le maire souhaitait avant toute rétrocession, la remise en état du parking par les propriétaires. En définitive, mais trop tard, le parking a été rétrocédé à la commune qui l’a rénové.

Parking de l’Abreuvoir
après sa réhabilitation en janvier 2022

Aujourd’hui, le centre de l’Abreuvoir poursuit son déclin. Reste fort heureusement une pharmacie, un marchand de presse / tabac, une boulangerie, un salon de coiffure et une onglerie. Mais pour combien de temps ?

Quel devenir pour ce centre ?

Pour y répondre, il est nécessaire de prendre en compte la situation du pôle commercial Pablo Picasso. La disparition des boutiques y est également liée au développement de la zone périphérique. Le nombre de commerces a chuté. Le boucher, le pharmacien ont baissé le rideau. Il y avait autrefois 12 commerçants et services dans ce centre, il n’en reste que cinq aujourd’hui.

Pablo Picasso-enseignes fermées
Pablo Picasso-enseignes fermées

Or l’agrandissement de l’enseigne Lidl à Pablo Picasso va accroître la concurrence déjà très forte que subit le pôle de l’Abreuvoir. Dans ce contexte aggravé, qui voudra reprendre le local commercial de l’ancien G20 avec un loyer très élevé ? Qui voudra s’installer dans un centre dont l’extérieur mériterait une rénovation alors que le centre voisin sera neuf ? Qui se lancera dans l’aventure alors que les dernières expériences ont terminé en faillite ?

Cela ne laisse rien présager de bon. En effet, la volonté du maire dans cette zone est de bétonner davantage avec la vente de l’ancien centre de loisirs du Chêne. Le centre commercial de l’Abreuvoir ne risque-t-il pas d’être, en définitive, l’objet d’un nouveau programme immobilier qui s’ajouterait à celui du centre de loisirs ?

Nous ne cessons de dire que le modèle soutenu par le maire depuis plus de 27 ans est contraire à la raison, contraire à ce que défendent les urbanistes, contraire à la vision réaliste de plus en plus de maires, conscients de l’effet délétère du développement périphérique.

Une réflexion de fond, citoyenne et participative, doit être conduite pour repenser la ville de demain au sein d’une agglomération plus respectueuse de l’environnement, de la qualité de vie et du vivre ensemble, dans un objectif affirmé de développement durable. La révision du PLU doit permettre de faire émerger cela ! A nous tous de le réclamer…

centre commerciale picasso

Commerces : Faire mieux et autrement

Alors que la crise frappe durement nos commerces et entreprises de quartiers, la politique municipale répond-elle aux enjeux ?

Bonnes intentions et communication

Quelles sont les actions menées par notre commune pour aider et soutenir nos entreprises et petits commerces ?

Tout d’abord une incitation à acheter dans notre commune « Je vis à Combs, j’achète à Combs ». Cela cible aussi bien les enseignes qui n’ont pas souffert du confinement que celles non essentielles en difficulté. Cette campagne était censée aider les petits commerçants et artisans de notre commune. Ce slogan montre de fait ses limites et ses incohérences. De plus, les zones périphériques sont également favorisées par ce slogan. Celui-ci ne fait pas de différence entre les petits entrepreneurs souffrant des conséquences de la crise et les entreprises florissantes à la situation financière mieux établie de la périphérie. Inciter à acheter dans les zones périphériques et dans des chaînes alimentaires qui ne sont pas en difficulté est donc contre-productif.

Ensuite, des actions municipales qui sont censées soutenir financièrement certains commerçants. Ce fut le cas de l’opération « Sapins solidaires  » qui en définitive relève davantage d’une l’opération communication aux objectifs confus. Il y eut également, entre le 7 et le 11 décembre, la distribution des colis de Noël aux seniors. La majorité municipale a sollicité les deux fleuristes de la ville pour qu’une petite plante fleurie soit associée au colis, opération louable et réussie. Enfin deux concours ont été également organisés. Les gagnants obtiendront en totalité 4 chèques cadeau de 100 euros utilisables dans les 15 salons de coiffure et d’esthétique de la ville. Le total de ces actions aura coûté moins de 4500 € à la commune. Or, les commerces de proximité contraints de fermer durant le confinement sont « en danger de mort ».

centre commercial de l'abreuvoir
Centre commercial de l’Abreuvoir

Pourquoi l’aide communale est-elle limitée à des actions de communication ?

Une ville en souffrance

Nos finances sont au plus bas et depuis plusieurs mois tous les budgets sont bloqués même si dans le même temps, les élus de la majorité ont voté l’augmentation des indemnités des élus (+54000euros/an). Plusieurs taxes sont revues peu à peu à la hausse. C’est le cas de la taxe locale sur les publicités extérieures qui peuvent affecter nos commerces ( taxe locale sur les enseignes et publicités extérieures (TLPE). Fi de concours ou commandes ponctuelles, nos commerçants ont besoin d’une véritable politique de la ville en faveur des commerces de quartiers.

En effet, les petits commerçants qui avaient survécu à la politique menée depuis 20 ans dans notre commune, sont en danger de mort. Les confinements, la perte de clientèle due au développement toujours plus important des zones périphériques comme celle de l’Eco pôle vont achever les derniers survivants. Les deux derniers fleuristes, nos coiffeurs ne savent pas comment faire pour s’en sortir. Dans certaines communes, certains maires ont proposé des aides pour favoriser le drive et soulager financièrement les petites entreprises. Ce ne fut pas le cas à Combs. Tout au contraire, les boulangers ont découvert comme nous tous, l’installation d’une boulangerie de la chaine Ange qui fait du « dumping » à l’aide de prix impossibles à suivre par nos artisans de quartiers.

Place de l'An 2000
Place de l’An 2000

Une vision alternative

Le constat est donc simple. Combs-La-Ville n’offre rien d’attirant pour les habitants et cela contribue à renforcer cette réputation de « ville dortoir ». Et pourtant son modèle d’organisation autour de 5 petits pôles commerciaux pourrait être un véritable atout alors que certaines personnalités politiques et de nombreux urbanistes se posent la question de la ville de demain. Déplacements, travail, taille de la ville, services de proximités conduisent à voir ses pôles comme autant de petits cœurs de village d’une ville polycentrique. Ce modèle était à l’origine même du développement de Combs-la-Ville. Mais la création de pôles périphériques a affaibli peu à peu les pôles de quartier. Ces mêmes pôles ont vu se développer des enseignes qui ont occupé peu à peu l’espace et remplacé les commerces de proximité.

Cela doit nous conduire à rejeter le modèle soutenu par le maire depuis plus de 20 ans . La ville est un tout et son développement doit se faire en cohérence. Ce n’est pas en agrandissant la surface commerciale au détriment des petits commerces que cela va sauver le centre Pablo Picasso. Il y avait autrefois 12 commerçants et services dans ce centre, il n’en reste que cinq aujourd’hui. Le projet risque à terme de ne laisser dans cet espace qu’une seule enseigne qui vendra fleurs, pains, magazines et il ne nous restera, une fois de plus, que des regrets.

centre commercial Pablo Picasso
Centre commercial Pablo Picasso

Nous devons donc cesser de développer la périphérie, soutenir et réhabiliter les pôles existants. Pour cela il faut favoriser l’installation de commerces et de services différents : boutiques éphémères de nos artisans et créateurs locaux, ventes de produits bio et de producteurs régionaux. Une ville verte qui doit cesser de croire, une fois de plus, que l’agrandissement d’un supermarché est la seule réponse possible. Une réflexion de fond, citoyenne et participative, doit être conduite pour repenser la ville de demain au sein d’une agglomération plus respectueuse de l’environnement, de la qualité de vie et du vivre ensemble, dans un objectif affirmé de développement durable.