Que révèle l’herbe de nos espaces verts ?

Le maire de la commune est-il aussi attaché à la préservation de la biodiversité et à la lutte contre le réchauffement climatique qu’il nous le dit ? Président des éco maires de France, nous serions en droit de le croire. La simple gestion de l’herbe de nos espaces verts nous interroge …démonstration de ce qui est fait et de ce qu’il faudrait faire.

Tonte raisonnée ou… déraisonnable ?

La commission municipale d’appel d’offres se réunissait le13 juin dernier afin d’attribuer un marché public pour une partie des espaces verts de notre commune. Une part importante de la gestion de nos espaces verts est effet sous-traitée à des entreprises extérieures selon un cahier des charges défini par le service Espaces verts de la commune. Chacune a son secteur. L’entreprise retenue est payée pour effectuer au minimum 12 tontes /an.

Qu’avons-nous constaté sur le terrain le mercredi 15 juin 2022 au parc central ?

Il est près de midi et la température dépasse 32 degrés. Le soleil est au plus haut. Pourtant l’espace est envahi du bruit assourdissant des tondeuses qui, comme c’est devenu malheureusement une habitude, effectuent une coupe dramatiquement rase du gazon.

Quel intérêt, sous un soleil implacable,
à tondre ras la pelouse du parc Central ? Aucun !

La sagesse, la logique exigeraient, en période de sécheresse, pour les collectivités comme pour les particuliers, de laisser les tondeuses dans leur remise afin de conserver au sol le peu d’humidité qui lui reste grâce à une couverture végétale suffisamment haute (15 cm).

Coupe rase un jour de canicule :
c’est l’asséchement du sol assuré !

Au cœur de l’été, ne multipliez pas les tontes ; espacez-les le plus possible au contraire et ne tondez jamais court : un gazon court repousse plus vite et cause un dessèchement du sol accéléré.

Sans être affiliées à une quelconque association d’élus pour l’Environnement, il est des communes françaises, en particulier en Alsace et en Bretagne, qui se distinguent, en toute discrétion, sur le plan de la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité. Ces expériences sont pour la plupart totalement indolores sur le plan économique. Comme à Fougères, en Bretagne.

Sous un soleil de plomb, tonte contre nature…

Ainsi, serait-il logique que la mairie s’inspire de ces expériences vertueuses et montre l’exemple dans sa politique de gestion des espaces verts publics pour lutter contre les ilots de chaleur.

Le remarquable exemple de Fougères…

Pourquoi parler de Fougères ?

Fougères figure parmi les collectivités qui n’ont pas attendu les décrets « Sécheresse » pour réagir. Cette commune prend le temps de communiquer, de convaincre et d’interagir AVEC les habitants.

Ville comparable en importance à la nôtre avec ses 20 000 habitants, sa politique de gestion des espaces verts est beaucoup plus efficace, vertueuse et évoluée qu’à Combs.

Fougères : un exemple de préservation de la biodiversité
en milieu urbain dense…

Malgré une densification continue, Fougères possède 144 hectares d’espaces verts, de boisements et de zones humides naturellement protégées avec un personnel qui compte de précieux éco-jardiniers. Le cimetière de 5 hectares de la ville est végétalisé et 4 parcs publics sur les 7 que compte la ville sont labellisés LPO (Label de la ligue de protection des oiseaux). Ils seront 6 l’année prochaine.

En temps normal, Fougères pratique la gestion différenciée sur les 10 hectares de ses parcs publics dont la moitié est sous-traitée. L’éco-pâturage s’inscrit dans cette démarche. L’élagage, très responsable est interrompu en période de reproduction de la faune sauvage (15 avril au 15 juillet). Après cette période, ces élagages sont réalisés avec l’assurance de ne perturber aucune nidification. Les arbustes sont taillés au sécateur. Le recépage est un vrai recépage, par tiers (1 branche coupée sur 3 par an).

A Combs-la-Ville, le recépage est radical : toutes les branches sont coupées à la fois ! Les tontes sont rases faute de contrôle malgré le cahier des charges.

Parc Central : quel intérêt d’aller priver les arbres de leur tapis d’herbe ?
Ils en ont besoin pour bénéficier d’un peu d’humidité !

A Fougères, en temps normal, le gazon n’est jamais coupé court (15 cm minimum en période de sécheresse). Le produit des tontes n’est pas laissé sur place, permettant d’appauvrir le sol pour favoriser l’implantation naturelle d’essences pionnières qui, elles, nécessitent peu d’azote et possèdent un niveau d’adaptabilité optimum au terrain. Ces dernières remplaceront progressivement les semences industrielles dites « de jardinerie » qui disposent de capacités d’adaptation moindres. Enfin, en période de sécheresse, seuls les chemins et passages les plus fréquemment utilisés sont tondus. Les surfaces restantes sont laissées en friches herbacées. On ferait difficilement mieux pour la préservation de la biodiversité.

Pour quelles raisons le maire de Combs-la-Ville ne suit-il pas cet exemple ? Pourquoi nos parcs et leurs maigres zones de prairie naturelle sont-ils si maltraités par des jardiniers qui sont contraints de suivre des instructions héritées d’un temps révolu alors que beaucoup d’entre eux, nous l’avons constaté en discutant avec eux, aimeraient être écoutés et faire autrement ?


La solution trouvée par la mairie serait-elle d’utiliser du synthétique ?

Certes non, ceci est un clin d’œil à l’aménagement réalisé ces derniers jours !  En effet, nous avons tous constaté que notre entrée de ville a été « habillée » avec de l’herbe synthétique et quelques pots…une fois de plus, une fois de trop !

Une herbe bien verte et rase en synthétique…

Redevenons sérieux. Pour quelle raison le dialogue sur la gestion des espaces verts, qui devrait faire consensus, est-il impossible avec la mairie ? De nombreux Combs-la-Villais nous ont contacté à ce sujet et certains ont essayé de faire évoluer les choses.

De toute évidence, il serait plus judicieux de revoir notre copie en définissant mieux les zones qui nécessitent un nombre de tonte plus fréquent et celles qui doivent être mises en prairie. Le plan de gestion et le cahier des charges imposés aux entreprises doivent prendre en compte les conditions climatiques d’intervention en fonction de la température et de la sécheresse…

…vite arrachée par quelques réfractaires !

Le plan de gestion de nos espaces verts est donc entièrement à redéfinir en fonction des usages de nos espaces verts. Le plan et l’organisation même de nos espaces verts sont à redessiner : espaces pour les enfants, espaces de convivialité pour tous, espaces de jeux pour les adolescents, espaces à planter pour créer des bosquets, espaces de prairie pour développer la biodiversité. Et ne pas faire croire que la plantation de deux mini-forêt promises à un dépérissement programmé est LA SOLUTION.