Biodiversité : Faites ce que je dis, pas ce que je fais !

Pris en flagrant délit ! Lundi 28 mars, le Parc Central a longuement résonné du vacarme des tronçonneuses en pleine période de nidification et de reproduction de notre petite faune sauvage. Il serait pourtant si facile de ne pas être si destructeur et de faire autrement…

S’il vous plaît, pas d’élagage pendant la période de nidification !

L’information circule bien de nos jours. Aussi, devrions-nous tous être conscients que la biodiversité et les activités humaines ne font pas bon ménage. Nous devrions jouer sur le registre de la discrétion au contact de la nature qui peut être gravement perturbée par toute cette gamme de tronçonneuses, broyeuses et autres engins à moteurs thermiques que la technologie a mis à notre disposition et dont nous faisons grand usage que ce soit dans nos forêts, nos parcs publics ou nos jardins.

Élagage intempestif le 28 mars

Une sorte de trêve a cependant fini par s’instaurer parmi les forestiers, les professionnels des espaces verts responsables et les particuliers attentifs à la nature. Une trêve vertueuse qui se situe, chaque année, entre la fin du mois de février et le début du mois d’août. Période durant laquelle il faut éviter de toucher aux arbres et aux haies afin de respecter la période de reproduction de la petite faune sauvage. Dont les oiseaux.

A Combs-la-Ville, les ornithologues vous diront que nous sommes entrés dans cette période de reproduction et de nidification depuis déjà la mi-mars. Aussi est-ce avec étonnement que les usagers du Parc Central ont eu la mauvaise surprise, lundi 28 mars dernier, de constater la présence d’une entreprise d’élagage dans le parc. Cette entreprise, sans retenue, « nettoyait » les taillis et s’employait à abattre plusieurs arbres. Le vacarme ambiant aidant, les hôtes habituels de ces lieux – troglodytes, mésanges et autres pouillots véloces – avaient pris la fuite ! Ce 28 mars, en quelques heures, plusieurs couvées ont sans aucun doute été perdues…

Abattage :
une broyeuse en action et des arbres
qu’on abat en dépit de toute logique !

Proscrire le recépage ! !

Les taillis et les buissons sont importants pour les passereaux. C’est dans ces taillis et ces buissons – et non dans les arbres, comme on serait tenté de le croire – que 90 % des espèces d’oiseaux trouvent refuge et nourriture.

Recépage de noisetiers : les écureuils (et les promeneurs)
n’auront qu’à aller chercher leurs noisettes ailleurs cette année…

Au Parc Central, les entreprises intervenantes ont pris pour habitude d’effectuer des coupes très sévères dans ces taillis, ne laissant que des moignons de branches près du sol. On appelle cela, le recépage. Cette habitude témoigne d’une technique sylvicole totalement dépassée. Elle est normalement destinée à « éclaircir » les taillis. De fait, elle fait souffrir le végétal et est contre-productive. En effet, la repousse du végétal se fait plus dense encore ! Qu’à cela ne tienne : on effectuera un nouveau recépage et le végétal finira par rendre les armes !

On le voit donc, le recépage constitue une technique très discutable, ne répond à aucune nécessité et reste, de toute façon à proscrire totalement en période de reproduction !

Élagage sur des branches basses d’un des cèdres
du Parc Central l’an dernier.
Quelle utilité ? Aucune ! Un risque majeur d’affaiblissement
de l’arbre car le diamètre de coupe est trop important…

Notre étonnement est d’autant plus grand que le service Développement durable de la mairie a pris position également pour cette trêve… que, finalement, la mairie et son service technique ne respectent pas !

Des alternatives existent pourtant…

Certaines communes autour de la nôtre – Quincy-sous-Sénart, par exemple – appliquent cette trêve. Et ce que peut faire Quincy, pourquoi notre maire, Président des « éco-maires » de France, ne pourrait-il pas se décider à le faire aussi ?

Se décider à adopter une attitude plus respectueuse de l’environnement et de la nature NE COÛTERAIT RIEN à notre maire et à sa majorité. Cela aurait même tendance à lui faire réaliser des économies tout en favorisant nos espèces sauvages – que les usagers du Parc apprécient tant : passereaux, écureuils, hérissons…

Un petit habitant du parc central

Cela ne coûterait pas plus cher non plus de demander aux agents municipaux et aux entreprises de sous-traitance qui interviennent dans le parc d’adopter des comportements plus vertueux et de le leur signifier au moment de la signature du contrat.

Enfin, il serait approprié de donner au service Développement Durable communal les moyens de se faire entendre et de lui accorder un vrai poids dans la vie municipale, loin du pâle rôle qu’il s’efforce de jouer actuellement. Comment ? En en faisant une entité d’action dite « transversale » en connexion directe avec tous les autres services municipaux, à commencer par l’urbanisme.

Le service de Développement durable doit, à notre avis, être vu non comme un alibi politique, un élément du « greewashing » à la mode dans la majorité, mais plutôt comme un acteur incontournable à consulter avant toute prise de décision importante et touchant le milieu naturel. Un moyen de lui donner une voix pleine et entière dans les décisions. Peut-être, ainsi, parviendra-t-on à redonner à nos équipes techniques et à nos élus le goût de découvrir (ou redécouvrir) notre Parc Central et à éviter les outrages inacceptables que, par désintérêt manifeste, parfois on lui fait subir…

A noter que les élagueurs étaient revenus au parc Central une semaine après, le lundi 4 avril. Les couvées ont derechef beaucoup apprécié ! Les retrouverons-nous les semaines à venir ?